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LKP - Alain Gayadine (UPG) : Apprendre à vivre mieux avec moins

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Mots-clés : #LKP
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Lors du meeting au Lamentin, Alain Gayadine, dirigeant de L’Union des Producteurs de Guadeloupe (UPG) est revenu sur le rôle et la place de son organisation au sein du mouvement LKP. Il s’est également exprimé sur le sens des combats actuels et les enjeux des luttes à venir : la nécessité de développer une agriculture, une production agricole permettant de nourrir en qualité et en quantité les guadeloupéens.

Nous avons tous notre place au sein de ce combat. Et ce n’est donc pas un hasard si un peu avant le 20 janvier L’UPG s’est retrouvée dans le Liyannaj avec d’autres catégories sociales. Ce n’est pas par hasard que L’UPG s’est retrouvée au cœur du LKP.

Ce n’est pas un hasard car je rappelle que l’Assemblée Générale de L’UPG de 1991 - c’était il y a 18 ; soit 2 ans après l’ouragan Hugo, qui avait été le révélateur de notre dépendance alimentaire - avait adopté un rapport d’orientation qui tirait la sonnette d’alarme et affirmait que l’agriculture de la Guadeloupe ne peut plus se réduire à la culture de la canne et de la banane. Elle doit d’abord être une activité qui nourrit le peuple. En qualité, en quantité et en régularité. Ce rapport d’orientation affirmait aussi que cette agriculture devait respecter l’Homme & son environnement. C’est pourquoi dès cette époque, nous avons posé le problème d’une agriculture paysanne. Mais nous avions également considéré que ce type d’agriculture devait permettre à l’agriculteur de pouvoir en vivre. Autrement dit, qu’il doit disposer d’un revenu lui permettant, de vivre, mais aussi de réinvestir et d’épargner. Et dès cette époque, nous avons dit que nous n’y arriverions pas seuls ; sans être en lien avec notre société.

Il était donc naturel et normal que nous collions au mouvement social ; car c’était un moyen de réussir notre propre projet. Et ce projet, nous l’avons conduit, petit à petit, pas à pas. Pour gagner l’opinion et lui faire comprendre que nous devions d’abord consommer ce que nous produisons. Et puis, voilà bientôt une dizaine d’années, nous avons trouvé un soutien précieux, celui du docteur Henri JOSEPH. Lequel, avec ses propres méthodes, avec ses travaux de recherche, avec sa pédagogie, avec sa force de conviction... nous a donné le coup de main qu’il nous fallait. Car il a pu démontrer avec nous que faute de développer une agriculture permettant de nourrir les guadeloupéens d’abord avec les produits de son propre terroir, alors, nous étions condamnés à disparaitre en tant que peuple.

Cela peut paraître long, 18 ans, mais c’est le temps qu’il a fallu pour que les guadeloupéens puissent collectivement prendre conscience de cette nécessité. Parce que pour nos propres collègues agriculteurs, cela paraissait presque comme une idée relevant de l’utopie : Sa péké jan pé fèt...

Et puis, le 20 janvier le LKP paraissait avec en son sein L’UPG... Et le mouvement a duré : 44 jours, tous les supermarchés fermés... Les guadeloupéens privés de leur “source naturelle d’approvisionnement”. Ou plutôt, ce qui leur était devenu naturel ; car nous avions oublié sa ki tannou...[Ce qui nous possédions en propre] Nous avions oublié que ta lézòt apa tannou ! [que la nourriture importée n’est pas la nôtre !] Nous avions oublié que la Guadeloupe est une île et qu’un jour bato pé pa rantré... [les bateaux pouvaient ne pas y accoster]... Nous avions oublié que jaden annou pa dwèt pousé si bato... [notre jardin ne pouvait se trouver sur un bateau...]

Et donc, ce n’est pas non plus un hasard si [après le rapport d’orientation de 1991] le congrès de L’UPG a eu pour thème : Agriculture et société, quel contrat ? Ce n’est pas plus un hasard si en 2007 le congrès de L’UPG s’est tenu sur le thème : Pou jaden annou pa pousé si bato [Pour que notre jardin ne soit pas situé sur un bateau]

Quand donc le LKP apparait en 2009, la longueur de la grève fait que tout un chacun est obligé de se souvenir de sa ki ta yo et de retourner au terroir. Voilà l’une des plus grandes victoires du LKP et de L’UPG au profit de l’agriculture guadeloupéenne. Car aujourd’hui, dans toutes les réunions, dans tous les Liyannaj a pawol [1] le thème central c’est la production, c’est la consommation... des produits de notre pays.

Et nous préférons agir et parler peu. Pour respecter d’abord les engagements que nous avons pris et signés - notamment 50% au moins de produits du terroir dans les cantines scolaires... Cela signifie que nous devons nous organiser pour produire suffisamment afin de fournir en qualité et en quantité les cantines scolaires.

Cela suppose que nous connaissions l’état réel de la production agricole. Car les statistiques officielles que l’état fait produire par ses services ne permettent pas de le savoir. Tout le circuit parallèle constitué notamment par les jardins familiaux nous échappe. Nous en ignorons le niveau de production et les circuits d’écoulement.
Nous avons dès lors décidé avec CAP Guadeloupe (Coup de main pour une Agriculture Paysanne en Guadeloupe) [NDR : Également membre du Collectif Liyannaj Kont Pwofitasyon] de mener une vaste enquête en Guadeloupe. Le projet est déjà ficelé et l’institut d’enquête retenu, afin de connaître l’état réel de la production et de la consommation dans notre pays. Nous commencerons par une région, le Nord Basse-Terre, mais nous effectuerons ensuite des modélisations pour toucher les autres régions.

C’est donc par cette phase que nous avons commencé le travail, afin de répondre à nos engagements signés [protocole d’accord du 4 mars 2009] pour poursuivre ce que nous avions déjà entrepris, jusqu’alors petit à petit. Le LKP nous a permis de faire un bond et de lancer un autre étage de la fusée car les guadeloupéens ont enfin pris conscience que s’ils souhaitent aider l’économie de leur pays, s’ils veulent aider la production, sils souhaitent encourager les produits bons pour leur santé, ils veulent doivent consommer d’abord ce que nous produisons dans notre pays.

Heureusement donc que toute la Guadeloupe n’est pas polluée par le chlordécone. Il y a donc des productions à développer là où les terres sont polluées et que n’empoisonneront pas les guadeloupéens ; la production florale, par exemple. Mais nous devons aussi savoir qu’il y a dans ce pays d’autres terroirs pouvant accueillir des productions en toute sécurité ; et nous nourrir en toute sécurité.

Je conclurai donc en disant deux choses :
Aujourd’hui nous luttons kont pwofitasyon. Et il est vrai que nous avons tous notre place dans ce combat et le 3 octobre, nous devons tous nous retrouver dans la rue. Mais ce que je souhaite, ce que L’UPG souhaite, c’est que nous dépassions la phase de la lutte kont pwofitasyon. Parce que nous ne passerons pas notre vie à lutter kont pwofitasyon. Il nous faudra aussi lutter, un jour, pour une autre chose, pour une autre société. Il nous faudra lutter pour transformer notre société ; il nous faudra lutter pour transformer les rapports sociaux, pour transformer les rapports de production. Il y a un mot savant qui sert à désigner et englober tout cela, c’est le mot révolution...
Et dans ce débat, il y a un petit homme qui a affirmé qu’il fallait travailler plus pour gagner plus. Mais dans cette autre société, il nous faudra apprendre à vivre mieux, mais avec moins...

Mèsi !

Alain Gayandine [Ancien secrétaire général de L’UPG ]
Meeting du LKP
Lamentin, jeudi 24 septembre 2009

Publié par Auteur ext. : UPG le vendredi 25 septembre 2009

Notes

[1Liyannaj a pawol (LAP) : Série de rencontres et d’échanges [bokantaj] développés depuis mai-juin par le LKP dans les quartiers & dans les communes, dans les villes et dans les campagnes, avec la population pour lui demander notamment comment elle avait vécu ces 44 jours, comment considérait-elle la situation actuelle et comment envisageait-elle l’avenir

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LKP - Alain Gayadine (UPG) : Apprendre à vivre mieux avec moins
Réaction de Christine C l G le 26 septembre 2009 @ 04h40



Site à visiter : Apprendre à vivre mieux !

Excellent !
En voici la confirmation trouvée dans un article du site de la RTBF :

25.09.09 : la Terre ne renouvelle plus ce que nous consommons
25.09.09 - 11:30

Depuis ce vendredi, nous vivons au-dessus de nos moyens naturels. Ce 25 septembre, nous avons épuisé toutes les ressources que la Terre nous donne sur un an. On l’appelle l’Overshoot Day, le jour du dépassement.

A partir d’aujourd’hui nous consommons donc plus que ce qui est disponible.

La demande dépasse l’offre en quelque sorte puisque la terre a besoin d’un an et quatre mois pour produire ce que nous consommons en un an.

La terre ne suit plus notre train de vie. Conséquence, le système se perturbe. Un exemple avec le CO2 : la capacité d’absorption de la terre n’est plus suffisante par rapport à nos envois et donc on a un réchauffement climatique. Ou encore, on coupe les arbres plus vite qu’ils ne repoussent. Deux phénomènes expliquent ce dépassement comme l’explique Geoffroy de Schutter du WWF :

"D’abord on est de plus en plus nombreux, ça c’est ce qui se passe dans le Sud. Mais l’autre phénomène c’est que, dans le Nord, on consomme beaucoup trop par personne. Si on devait prendre l’Overshoot Day pour la Belgique, et bien on le ferait en mars parce que nous on consomme les ressources qui viennent d’ailleurs, qui viennent du Sud en particulier."

C’est une organisation canadienne qui calcule chaque année ce jour de dépassement. Le premier a été constaté le 31 décembre 1986. Dix ans plus tard, il tombait en novembre et l’an dernier, ce jour était le 23 septembre. C’est la crise économique qui nous a fait gagner 2 jours en 2009. En 2050 on estime qu’il arrivera en juillet.

(M.S. avec Sophie Brems)
Crédit photo : Archives EPA
Société, Environnement

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