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Les dénonciations de faits graves commis par les forces armées de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), qui occupent Haïti depuis huit ans déjà, se multiplient. Agressions, viols, actes de torture, propagation du virus du choléra responsable de la mort de plus de 500 personnes et de la contamination de 150 000 autres…
La liste s’allonge chaque jour, nourrissant une colère justifiée de la population et l’urgence grandissante du retrait immédiat de la Minustah, le rétablissement de la pleine souveraineté du peuple haïtien. Le 15 juin dernier, ce sont des soldats brésiliens de la Minustah en armes qui ont tenté par trois fois de pénétrer dans l’enceinte de la faculté des sciences humaines (FASCH), à Port-au-Prince, la capitale haïtienne.
Ayant recueilli de nombreux témoignages d’étudiants et de professeurs, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) confirme que « des soldats du contingent brésilien de la Minustah se sont présentés ce jour-là à la barrière de la faculté des sciences humaines (FASCH) et ont été empêchés d’entrer par le gardien qui leur a expliqué qu’ils ne pouvaient être admis dans l’enceinte de la faculté avec leurs armes à la main. N’ayant pas voulu laisser leurs armes dans la voiture, sur insistance du gardien, ils ont dû rebrousser chemin. »
Dans l’après-midi, le même contingent, renforcé par environ dix autres soldats brésiliens, s’est présenté une seconde fois à la barrière de la faculté, tirant à balles en caoutchouc en direction de la faculté. L’une des balles a atteint une salle de cours, provoquant la panique des étudiants qui se sont enfuis.
Pour la troisième fois, vers cinq heures de l’après-midi, des soldats de la Minustah, estimés cette fois à plus de vingt cinq, ont encore tenté de s’introduire dans l’enceinte de la faculté. Ils se sont présentés à la barrière, lourdement armés. Ils ont bouclé l’impasse dans laquelle se trouve l’entrée de la faculté, ce qui a conduit le gardien à fermer la barrière de peur qu’ils n’assiègent le bâtiment et n’attaquent les étudiants. Des enseignants, ainsi que des étudiants qui étaient sur les lieux, ont dû abandonner les salles de classe et se réfugier dans l’arrière-cour du bâtiment. Des examens en cours ont dû être renvoyés. Des riverains ont été obligés de quitter les environs de la faculté, par peur d’être eux-mêmes agressés si la situation se dégradait.
Le RNDDH rappelle qu’« au cours de ces quatre dernières années, des agents de la Minustah ont violé l’espace universitaire à maintes reprises, s’introduisant de force dans les facultés, brutalisant des étudiants et procédant même à des arrestations. De plus, le RNDDH déplore que des agents de la Minustah soient impliqués dans toute sortes d’exactions, dont des viols, des vols, des assassinats, des cas de pédophilie, de bastonnade, d’intimidation, etc. »
Le RNDDH rappelle que « les espaces d’enseignement restent et demeurent libres, selon la Constitution de 1987 qui, en son article 24, dispose qu’“hormis les cas de flagrant délit, l’enceinte des établissements d’enseignement est inviolable. Aucune force de l’ordre ne peut y pénétrer qu’en accord avec la direction de ces établissements.” »
Rappelons que dans le cadre de la journée internationale de lutte pour le retrait immédiat de la Minustah d’Haïti, le POI a demandé à être entendu par le nouveau ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Correspondant